Diversification Bes 77 transforme le miscanthus en paillis horticole et litière
Biomasse environnement systèmes, association de producteurs de grandes cultures de Seine-et-Marne, commercialise 800 tonnes de miscanthus, notamment en paillis horticole et litière pour chevaux. Un projet devenu rapidement réalité qui demande un investissement à long terme.
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Patrick Billard, un des membres fondateurs de l’association explique avoir « fait des recherches sur internet pour trouver des producteurs de miscanthus qui valorisent leur production dans le bâtiment. Nous avons ainsi rencontré des producteurs en Suisse, en Allemagne. » Cependant, le manque de volonté d’implication des industriels contactés et les difficultés réglementaires les ont contraints à changer de voie.
Un fort pouvoir absorbant très apprécié des marchands de paille
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En 2009, ils créent une Sas pour commercialiser du paillis horticole et de la litière pour animaux. Aujourd’hui, l’association compte 24 producteurs de miscanthus, dont quinze nouveaux planteurs, pour 205 hectares de surfaces. En moyenne, le miscanthus occupe 2 à 3 % des assolements. Bes 77, pour Biomasse environnement systèmes, a créé deux emplois en manutention, emploie six contrats saisonniers, recherche un commercial et « a permis de recréer un maillage territorial ».
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Un contrat signé pour dix ans
Le choix de ces débouchés a nécessité le développement d’un outil spécifique de conditionnement. « Nous avons adapté un matériel de tri et de conditionnement de pétales de roses. Le miscanthus présente, en effet, une densité très faible, de l’ordre de 130 kg/m3. » Bes 77 a répondu à un appel d’offre en thermie, par souci de développement et de diversité de ses marchés, mais la thermie manque encore de rentabilité. Chaque planteur obtient la même rémunération : 60 €/tMS assurés à la récolte, avec l’objectif d’atteindre 80 €/tMS à la commercialisation. « Le contrat, signé pour dix ans, décrit un produit sain, loyal, exempt de corps étranger et d’une humidité inférieure à 20 % », précise Patrick Billard. L’association demande une cotisation de 50 € par an à chaque adhérent.
La communauté de communes de Moret Seine-et-Loing va aider le groupe à hauteur de 50 % des investissements futurs en recherche et développement. Le conseil régional apporte une aide dans le cadre du plan biomasse 2. « Nous bénéficions également des aides nationales à la restructuration de la filière sucre qui ont couvert 40 % des coûts d’implantation en 2009 et 2010. »
Pas de production en première année
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Le coût de plantation justement s’élève à 3.000 euros par hectare maintenant que l’association s’en charge, contre 3.500 €/ha au début en prestation de service. Une parcelle dédiée, récoltée tous les quatre ans, fournit les rhizomes. « Nous avons développé une machine combinant une vieille planteuse à pommes de terre et un semoir à maïs. » L’objectif optimal de peuplement s’élève à 10.000 pieds par hectare. Sachant que 20 % des rhizomes meurent ou ne produisent pas la première année, les planteurs se fixent comme densité de peuplement entre 17 et 18.000 rhizomes par hectare.
Le miscanthus, culture pérenne, permet de stabiliser des terrains comme les remblais de sablière. « En première année, nous avons testé le miscanthus sur des terroirs variés tous auparavant en jachères. L’expérience montre que la culture a besoin d’une certaine réserve utile. Le stress hydrique peut s’avérer le facteur le plus pénalisant pour le rendement mais le cahier des charges interdit toute irrigation. »
Les molécules herbicides du maïs autorisées sur miscanthus
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En théorie, le rendement atteint quinze à vingt tonnes de matière sèche par hectare sans intrant. « Pour l’instant, jusqu’à 15 tMS/ha, nos miscanthus n’ont pas besoin d’apports de matières fertilisantes. Pour dépasser ce niveau de rendement, il faudra probablement apporter de la potasse et du phosphore. » En moyenne, les parcelles en première récolte ont donné 7 tMS/ha. Celles en deuxième récolte atteignent un rendement moyen de 10 tMS/ha.
Les problèmes de ravageurs, sans solution à ce jour, apparaissent avec les jeunes pousses et les premières feuilles dont les taupins, les lapins et les lièvres sont friands. Une fois la plante plus développée et les tiges plus ligneuses, le problème disparaît. Depuis un an, le miscanthus peut profiter des molécules herbicides autorisées sur maïs.
« A l’approche de la retraite, certains agriculteurs s’interrogent sur l’opportunité de retourner leurs 300 hectares de terres pour y planter du miscanthus. Occupées pour quinze ans, les terres ne demandent plus que l’intervention d’un prestataire pour la récolte annuelle et la commercialisation. Bien loin de l’idée première de diversification… » |
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